mardi 22 mars 2011

Interview BURN IT

Toujours dans la Caraïbe voici la première interview de Jazzy-Town. 

devant une fresque de son crew le 4KG a Basse-Terre


C'est dans la ville de Basse-terre que nous a accueillit Burn It, rappeur guadeloupéen basse-terrien. Après une session photo et une balade dans la ville, il a gentiment répondu à mes questions et j'espère que l'interview vous donnera un bon petit aperçu du personnage.
En tout cas, l'échange s'est fait dans la bonne humeur et l'aura posée et la bonne volonté du rappeur nous aura, le photographe et moi, mis complètement à l'aise.

Encore merci Burn !


Comment ça va ?

Très bien très bien, il fait beau aujourd'hui meme si le temps est un peu mitigé, bien réveillé.

Et si tu commençais par te présenter ?
J'ai commencé le rap en 1999, avant j'écrivais déjà des textes mais c'était pas vraiment du rap "structuré", c'était de l'écriture, et en 99 quand on était au lycée on a monté un groupe avec un rappeur qui s'appelle Damocles, qui est maintenant sur Paris. On a monté aussi un crew qui s'appelait le TJT crew, Tout jeune Talent.
Dans ce crew y'avait des graffeurs, des rapeurs et aussi des danseurs.
Dans la section rap, je représentais le rap créole, je faisais du rap créole parce que les autres étaient des personnes qui étaient nées en France, qui avaient vécut en France, qui avaient grandi en France et qui avaient plutôt une approche liée au rap français.... Et c'est ça qui fait notre particularité : A Basse Terre on a toujours eu une écriture différente avec aussi ces mélanges entre des rappeurs français et des rappeurs créoles, et un petit coté dancehall déjà à l'époque.

Comment es tu arrivé au Hip Hop ou comment le Hip Hop est arrivé à toi ?
J'ai grandi dedans puisqu'au niveau de ma famille j'ai mes grands cousins; qui ont grandi ici et qui sont les pionniers du mouvement Hiphop. 
Je peux oser dire ça, en Guadeloupe, en tout cas sur la région basse terrienne, ils avaient monté 10ans déjà avant nous les premiers crew qu'il y a eu ici : par exemple la CAF qui était déjà connue. Et depuis tout jeune j'écoutais avec ce cousin beaucoup de musique, il me faisait écouter tous les artistes qu'il aimait et arrivé à l'adolescence je me suis rendu compte que  j'avais beaucoup d'idées en tête et que j'étais quelqu'un de très créatif et il me fallait un support pour extérioriser tout ça et j'ai trouvé que la musique rap se prêtait particulièrement à ça et comme j'aimais beaucoup déjà l'écriture, je suis un littéraire, c'est quelque chose qui s'est imposé tout a fait naturellement. Le rap ça... ça coulait de source.

Maintenant parlont un peu de ta musique, comment est-ce que tu décrirais ton style ? 
 
Ca c'est la question fatidique. Surtout en Guadeloupe.

Moi, je fais du rap créole conscient, c'est comme ça que je définis mon style.
Rap créole pourquoi ? Parce que la particularité de mon écriture est que j'écris essentiellement en créole avec des bribes de français, donc dans mes morceaux tu peux retrouver un couplet en français ou peut-être dans un couplet des petites parties, et parfois j'ajoute une pincée d'anglais comme ça, quelques mots puisque ça reste du rap, mais j'estime être un rappeur créole.
Et conscient pourquoi ? Parce que dans mes textes il y a une certaine éthique, il y a des propos que je ne me permets pas de tenir, même si je peux traiter tous les sujets dans mon rap, j'estime qu'il y a une certaine manière de dire les choses et ça n'a pas toujours été le cas. J'ai pas toujours été comme ça. Quand j'ai commencé à rapper, j'avais 16ans, c'était comme beaucoup de rappeurs, je parlais de sexe, de baston, de bagarre, tout ce qu'un adolescent a envie de raconter.
J'étais aussi très révolté à cette époque là donc j'avais des propos assez dur à l'égard de l'état français, à l'égard des politiques. J'ai plus commencer dans un rap comme ça, un rap très militant, revendicatif.

Est ce que tu t'es senti influencé par les USA ? Je sais qu'il y a eu une grosse période où on captait pas mal les chaines américaines en Guadeloupe.
Quand j'ai commencé j'avais les influences de ce que j'appelle les aspects médiatisés du Hiphop, c'est à dire tous les grands artistes, Jay Z et consort, ceux qui sont les plus médiatisés.
Et c'est après, par le biais du travail que j'ai fait avec mon cousin, que je suis retourné plus dans les fondations avec le Hiphop de new york, le rap originaire de Détroit, ce genre d'instrumentales.
Et mes influences sont créoles et américaines, je ne suis pas un rappeur qui a été beaucoup influencé par le rap français, même si j'écoute du rap français, je n'ai pas de ... Comment dirais-je, je ne suis pas en conflit avec les rappeurs français ni quoi que ce soit mais j'ai jamais été influencé par ce qu'ils faisaient parce que j'estime que la réalité de la France est une autre réalité que la nôtre et qu'ils avaient une manière d'appréhender la chose totalement différente.

Aujourd'hui, tu fais partie du crew 4KG, explique nous ça, pour moi ce sont des graffeurs donc comment as tu pu intégrer ce crew là, comment tu t'es retrouvé avec eux?



Cà c'est une longue histoire !

Niro (graffeur du 4KG) est quelqu'un que je connais depuis l'enfance, on est originaire du même quartier, Bas du Bourg. C'est un quartier populaire de la ville de Basse terre.
Heu... Tryspa. La famille du rap de basse terre, tout le monde se connait, que l'on soit graffeur, danseur ou encore chanteur, y'a des noms qui reviennent comme ça et Tryspa, c'est quelqu'un dont j'entendais parler depuis au moins 10 ans à l'époque... Mais je ne voyais pas qui était Tryspa.
Et a mon retour en Guadeloupe, j'ai tenté de tout remettre en place pour continuer a faire de la musique, continuer à exister artistement, et je me suis rendu compte que je n'avais pas du tout la même approche et la meme vision des choses que les autres artistes qu'il y a en Guadeloupe, les artistes dans le milieu de la musique.
[...]
J'ai préféré priviliégier le côté affectif entre guillemet, et intégrer le collectif 4KG. Même si ceux sont des graffeurs, ceux sont surtout des personnes qui font du hiphop et qui ont une grande connaissance en matière musicale.[...] Avec 4KG on a monté des spectacles avec différentes institutions, on a fait de la scénographie, y'a d'autres compétences, le graff c'est la face émergée de l'iceberg.


Alors par rapport à la Guadeloupe : le hiphop en Guadeloupe.
Est ce que tu penses qu'il est bien représenté dans l' univers musical local ?
Est ce qu'il y a une vrai place pour lui dans l'horizon guadeloupéen ?
Est ce qu'il a un poids ?

Je vais prendre tout mon temps pour répondre à la question parce que c'est complexe.
Y'a beaucoup de talent au niveau du rap en Guadeloupe.
Chaque jour, il suffit que tu ailles sur internet ou que tu regardes un peu dans ton environnement, tu vas découvrir des nouveaux rappeurs qui ont du talent, qui sont créatifs, qui développent des choses totalement nouvelles. Et le marché rap guadeloupéen est envié, parce que pour avoir vécu en martinique et ailleurs ... Les rapeurs martiniquais me disaient souvent:
"Oui mais tu as de la chance d'être en Guadeloupe, là-bas vous avez un mouvement qui est actif, vous avez des choses qui se font"
Donc en terme de vitalité, ici c'est formidable, y'a un foisonnement qui fait qu'on découvre de nouvelles choses tout le temps, les choses sont dynamiques mais c'est maintenant en terme de structuration et de manière d'amener les choses que je trouve qu'il y a un probleme.
Je trouve qu'il y a un problème parce-que tu rencontres beaucoup d'artistes qui travaillent avec des petites équipes et qui travaillent en cercle fermé, qui rentrent dans des courants. Moi je ne suis pas contre, quelque part j'ai aussi mon courant, mais je suis apte à travailler avec d'autres types de personnes. Tu rencontres beaucoup de personnes qui à un moment donné se ferment dans leur petite atmosphère dans leur petite ambiance et c'est ce que je trouve déplorable. Maintenant, maintenant, le rap existe en Guadeloupe, y'a de bon rappeurs, y'a des rappeurs de qualités et des projets de qualités qui sortent.


Pour revenir a ce qu'on disait talleur, ton avis, qu'est ce qui différencie le rap francais du rap guadeloupéen ?

(...)
Le rap français.a de grand lyriciste, et ça c'est indégnable, c'est reconnu mondialement, et c'est un rap qui se rapproche de la poésie c'est un très beau rap. Maintenant , au niveau du flow et au niveau du style, j'ai toujours trouvé que le rap français se suffisait de peu, c'était un violon des mélodies classiques et puis voilà on a fait un album. Et je trouvais que nous, en tant que kreyol, on avait ce côté rap français, où il y a des rapeurs kreyol qui savent très bien écrire mais qui peuvent allié ça avec un flow intéressant, des rythmiques qui sont autres et par rapport a une barriere de la langue, ces artistes là je trouvais qu'ils n'étaient pas assez reconnus.
Donc quand je suis allé en France, j'ai eu plusieurs fois l'occasion d'en parler avec des grands de la bas. Et ceux qui avaient l'esprit ouvert  savaient a quel stade est le rap kreyol et étaient prêts a faire des choses. Mais a une certaine époque y'avait un regard un peu condescendant sur le rap créole et moi ça me dérangeait parce que j'étais sûre que ce qu'on faisait c'était un rap de qualité, et si on observe bien, tu vas t'en rendre compte, il y a des artistes qui, avant, étaient... comment dirais-je... posaient sur un type d'instrumental bien précis, "rap français" et qui maintenant ont complètement changé leur image et sont passés à autre chose. Et nous, les rapeurs creoles, le stade auquel ils arrivent maintenant, on avait déjà fait ça depuis longtemps.


Donc est ce que tu penses qu'il y a un avenir pour le rap kreyol en guadeloupe et dans le reste du monde ?
Quelle place peut avoir le rap créole en Guadeloupe mais aussi dans le reste du monde ?

Je pense totalement qu'on a un avenir, je pense qu'on est qu'au début de ce qu'on est capable de faire et que plus ça ira plus on aura des artistes de talent et des producteurs aussi parce-qu'il faut des moyens financiers pour sortir des projets corrects. Beaucoup de gens sortent des projets, avec leur seuls fonds personnels, leur énergie, mais ces gens là se fatiguent et s'usent à la tâche alors qu'on se rend compte que d'autres artistes qui sont pas forcément meilleurs, mais qui ont autour d'eux des équipes, des directions artistiques, des gens qui font qu'ils sortent des produits de qualité.
Donc a partir du moment où on va comprendre que nous sommes réellement artistes, qu'on peut être en compétition entre guillemet meme si j'aime pas trop ce terme la, qu'on peut pésenter des projets au même titre que n'importe quel rappeur américain ou n'importe quel rapeur français ou européen, là on va commencer a avoir des produits intéressants.


On va continuer sur l'actualité de Burn it ! Qu'est ce qui est prévu, qu'est ce qui va se passer prochainement ?


Cà c'est la question, encore ce matin on me l’a posé. J'ai commencé à communiquer sur la Burners mixtape depuis fort longtemps, c'est ça mon actualité.
Le concept, c'est que ça fait longtemps que j'ai pas sorti de produits, de projets. J'ai posé au niveau national au niveau local sur différentes compilations mais pour d'autres artistes, d'autres producteurs.
Et là c'est le second projet que je sors, mais le premier d'envergure.
Et j'avais décidé sur ce projet là de réunir différents producteur de talent avec lesquels je travaille et de soliciter des artistes que j'aime bien et que je connais depuis longtemps pour que ce soit une sorte de burning and friends. Donc j'ai réussi à le faire seulement ça m'a demandé beaucoup d'energie et de ma personne, et tu sais comment sont les artistes, en terme de sérieux ! (rires)
Ben ça vaut le coup, finalement la burners mixtape c'est 25 titres mixés par DJ Octopûs avec quasiment que des instrumentales composées.
Donc c'est pas vraiment une mixtape puisque ceux ne sont pas des face B mais j'appel ça ma mixtape parce que c'est pas mon album.
Et là je suis actuellement sur le tournage du son que je vais promotionner en premier "Gal dem reminiscence" c'est un morceau que j'ai composé quand j'étais encore en Martinique.
Cà sera mon premier clip d'envergure. J'ai participé à des clips, clips des autres, j'ai fais un ptit clip underground aussi, mais là ce sera le premie clip sur lequel y'aura réellement un budget, premier clip sérieux.


Donc, pour finir, un ptit mot ?

Le rap c'est l'avenir, y' a des rapeurs de talents, que des passionnés. Et puis arrêtons toutes les confrontations entre Dirty, rap conscient, tous les différents courants qu'il y a en Guadeloupe et travaillons ensemble pour faire de bon projets.

2 commentaires:

  1. Excellent article, pour moi qui débarque de la métropole et ignorait l'existence du Hip Hop de Gwada, j'attend de voir qu'elles seront les prochaines sensations mises en avant par Miss Madame Mademoiselle La Jolie JaZZ.J.S.


    PS: j'ai vu des fautes, hahahahahahhaa.
    PS2: j'irais chercher à écouter ses sons.
    PS3 (avec lecteur blueray) : J'ai quand du mal à mettre un doigt sur la définiton de Hip Hop de Gwada ou c'est moi qui suis con?
    Il parle de réalité différente, oui mais laquelle... ?

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  2. Comme il a été dit unissons nous faisons avancer les choses, sortons du concret et de bons projets. Kiri'kooo

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